La guitare avait...

La guitare avait une sonorité acide

et même si ce moment était une colombe blessée

son vol descendant

en plein virage

                   remontait encore

tes yeux sans fond me regardaient

ouvrant des horizons infinis

   des vides mystérieux

moi immobile

penchée sur la bordure du puits de tes yeux

         prête à tomber

     voyant tout passer

comme une image brisée

                    dans tes pupilles

les flèches qui indiquent le sens

profond du moment

                                             ouvrent ses tunnels obscurs

la peur envahissait mes molécules

ma peau était une nuage incohérent

mes yeux deux oiseaux

       qui se lançaient

fascinés

au centre du vide

à la recherche de...

 

quel obscur secret informe et aigre s'imprime

sur les pupilles opaques du sphinx ?

quelle vie inespérée naît des entrailles

de la parole morte ?

par un pur hasard

en un moment s'ouvre

la porte de l'infini

ainsi Alice

apeurée troublée tombant dans les entrailles tièdes et obscures

de son rêve

fait subitement face à l'univers)

l'instant

pigeon blessé

fuit

les yeux tombent dans le miroir

et la peau se défait

comme une voile nébuleux

 

ce n'est pas l'homme

chose parmi les choses

ni miroir qui se reflète

sinon une évanescence

eau dans l'eau

              brouillard dans le brouillard

                        mort dans la mort

 

flux et reflux

éternellement

dans ses allers et retours

union et désunion

jette ici et là une fleur qui reste

       s'élevant sur le rocher

éthérée

 

                          immobile

loin de la prise de l'écume